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ETAT DE LA CORRUPTION : La police, la douane, la gendarmerie et les marchés publics se font la concurrence

samedi 1er juillet 2017


Ouagadougou, 30 juin 2017.

Le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) a procédé au lancement du rapport 2016 sur l’Etat de la corruption au Burkina Faso. Certaines institutions au sein des forces de sécurité et de défense ainsi que les marchés publics ont été épinglés.

Le rapport livré par le Réseau national de lutte anti-corruption (REN-LAC) chaque année et ce depuis 2000, constitue le baromètre de la corruption dans divers secteur de la vie publique nationale. Il comporte d’une part les résultats d’une enquête d’opinion des populations urbaines sur les pratiques de corruption au Burkina Faso et d’autre part, un état des lieux de la lutte anti-corruption menée au cours de l’année. Pour cette année 2016, le réseau a respecté la tradition en menant l’enquête comme il sait le faire si bien. Le résultat de ladite enquête publié nous montre que dans l’ensemble, la corruption gagne du terrain. Ce qui choque le plus dans ce rapport est que outre le fait que les marchés publics ne font aucun effort pour sortir de la zone rouge des plus corrompus, des institutions des forces de défense et de sécurité telles que la police municipale, la police nationale, la douane et la gendarmerie se font la concurrence pour occuper les 1er rangs. Dans cette concurrence, c’est la police municipale qui remporte la « Palme d’or », en se hissant au 1er rang, suivi des marchés publics, et la douane ferme le trio de tête. Le même rapport révèle que la gendarmerie nationale classée toujours au-delà du 8e rang depuis 2008, est montée en force en occupant le 4e rang cette année. Toujours selon le rapport, comparativement aux autres structures dénommées « PDG » à savoir la police, la douane et la gendarmerie ; la police nationale qui s’était illustrée jusqu’en 2015 par l’amélioration progressive de son rang, se positionne cette année au 9e rang, alors qu’elle avait réussi à se hisser à la 11e place en 2015.

Pour le secrétaire exécutif du Réseau national de lutte anti-corruption, Dr. Claude Wetta, cette dégringolade catastrophique de la police et de la gendarmerie nationale n’est pas le fruit d’un hasard. Il estime qu’elle doit être corrélée au développement du terrorisme. Il déclare à cet effet : « En effet, le déploiement du dispositif de contrôle et de sécurité sur toute l’étendue du territoire suite aux attaques terroristes du 15 janvier 2016, a accru les opportunités de rackets sur les axes routier, dénoncés publiquement par ailleurs par les transports routiers ».

La DGTTM sauveur d’honneur

Il est important de souligner que dans ce ciel sombre, l’espoir est permis grâce aux efforts fait par la DGTTM dans la lutte contre la corruption. Cette structure a en effet amélioré son score en passant de la 4e place en 2015 à la 8e en 2016 selon le SG du REN-LAC, Dr. Claude Wetta qui n’occulte pas le fait que jusqu’à présent la délivrance des cartes grises et l’obtention des permis de conduire sont toujours citées comme des actes entachés de pratique de corruption en ce qui concerne ladite structure. Cet effort fourni par la DGTTM peut en effet donner espoir aux Burkinabè de croire qu’un jour la corruption peut être bannie sous nos cieux. Ils y croient d’ailleurs si on en croit le patron du REN-LAC qui a indiqué que l’une des notes positives que révèle le rapport 2016, est que 81 % des personnes enquêtées croient en la possibilité de la réduction de fréquence du fléau de la corruption au Pays des hommes intègres, pour peu que les gouvernant fassent preuve de volonté politique sincère. Rapportant les propos des enquêtés, il estime que le gouvernement doit principalement infliger des sanctions exemplaires et dissuasives aux auteurs d’actes de corruption.

Il faut rappeler que cette enquête a été réalisée dans les 13 chefs-lieux de région du Burkina Faso a indiqué le secrétaire exécutif du REN-LAC. Il souligne que la ville de Pouytenga a été associée à ces 13 villes pour aboutir à un total de 14. Selon Dr. Claude Wetta, 331 dès 2000 enquêtés soit 16,6 % ont déclaré avoir personnellement offert au moins une fois, une rétribution illégale à un agent public afin d’obtenir un service non soumis à paiement. Il rappelle que ce taux était de 12,3 % en 2015. Pour conclure, il soutient que 98,5 % des rétributions illégales ont été faite en monnaie liquide contre 1,5 % en nature.

Thierry KABORE

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