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Affrontement à l’Université Ki Zerbo : « on ne peut pas laisser l’université devenir un far West » (Pr. Alkassoum Maïga)

vendredi 8 décembre 2017


Une manifestation de l’Association Nationale des Etudiants Burkinabè (ANEB) à dégénéré à l’université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki –ZERBO le mercredi 6 décembre 2017 . Des blessés graves , le ministre de l’enseignement supérieur déplore l’attitude des étudiants . Dans une interview accordée à la télévision nationale (RTB/Télé) au journal de 20 heures, le ministre de l’enseignement supérieur Alkasoum Maïga revient sur les faits qui ont conduit à cette situation.

RTB/Télé : Bonsoir monsieur le ministre, es-ce que vous pouvez revenir sur les faits ? Qu’es-ce qui s’est passé exactement ce matin à l’université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki –ZERBO ?

Maïga Alkassoum : je voudrais avant tout vous remercier pour cette opportunité qui nous ai offerte d’informer l’opinion publique du Burkina-Faso par rapport aux événements vécus à l’université Ouaga 1 Professeur Joseph Ki –ZERBO .
Je dois commencer par dire qu’en tant que ministre de l’enseignement, je suis atterré par les événements affligeants qu’on a pu observer sur le campus Ouaga 1 . Pour remonter plus haut , la genèse des faits , il y a eu une altercation au niveau de Ouaga1 par ce que l’ANEB avait voulu donc perturber les cours , il y a eu des altercations . Par la suite on a donc tenu un conseil de discipline au cour duquel plusieurs étudiants ont été sanctionnés (11)étudiants, et L’ ANEB a sorti le nom d’un seul étudiant qui est leur militant qui a exigé non seulement qu’on revienne sur la sanction et qu’on revoie le décret qui encadre le conseil de discipline au niveau des universitaires. Il y a eu donc des échanges avec les autorités de la présidence de l’université et ils sont rentrés dans une logique de durcissement, en appelant à trois jours de grèves . Dans la lancée des ces trois jours de grève, un nombre important d’étudiants a manifesté sa volonté de continuer les cours , parce que les perturbations ne font qu’accumuler les retards sur les cours . Et donc ils ont entrepris des sensibilisations au niveau de leurs camarades. Aujourd’hui les étudiants étaient venus dans les amphis , une quinzaine d’ étudiants membres de L’ANEB se sont retrouvés sur le campus pendant que les enseignants étaient en salle , ils ont perturbé les cours, l’enseignant ne peut pas communiquer , les enseignants ont tenu à faire leurs cours , et ça dégénéré très rapidement puisqu’un groupe d’étudiants est venu pour dire que , ils ne sont pas d’accord avec ce mouvement de grève et qu’ils entendaient bien suivre les cours . Malheureusement , la quinzaine d’étudiants armés de gourdins, de machettes , ils se sont attaqués à ceux qui voulaient suivre les cours . Je suis allé personnellement sur le campus pour rencontrer ceux qui étaient là et rendre visite aux blessés au dispensaire du CENOU. Là, j’ai trouvé d’autres blessés , une jeune fille à été traumatisée parce qu’elle est asmatique. Elle à eu la vie sauve parce que elle été prise en charge par les médecins.
Nous sommes allé également à hôpital pour rendre visite aux blessés , et là j’avais trouvé qu’il y avait quatre étudiants , donc ça faisait 6 étudiants qui étaient dans un état important de blessures , il y avait deux à qui on avait demandé de faire un scanner de la tête , l’un d’entre eux a eu donc des lésions au niveau du cerceau , sans saignement , le second a eu une lésion au cerveau avec saignement, l’orbite a été touché ,donc le cerveau a pris de l’air . C’est pour dire qu’il y a des lésions très importantes . Les quarte qui étaient à l’hôpital, trois ont été libérés ; seul celui qui a des lésions est toujours sous surveillance .
Nous avons assisté à un acte terrible , inqualifiable parce que l’université , c’est un espace de débats contradictoires , mais si des étudiants en arrivent pour des motifs de défense de leur camarade à agresser à ce point d’autres étudiants , je dis que là on sort du contexte de l’université qui est un espace de dialogue et de débat et on s’éloigne des principes de la lutte syndicale . Je voudrais rappeler que nous n’avons en aucun cas remis en cause le droit à la grève des syndicalistes et d’ailleurs lorsqu’ils ont transmis leur mot d’ordre de grève à l’administration , ça a été accepté, on les a laissés faire , ils doivent également accepter que ceux qui ne sont pas d’accord avec eux et qui ne s’inscrivent pas dans la logique de la grève , qu’ils puissent avoir le droit de suivre les cours .

L’ANEB campe sur sa position, quelle est la votre aujourd’hui face a l’exigence de l’ANEB ?

Les autorités universitaires ont suivi les voies normales quand il y a de pareille situation qui se présente , c’est quand même le conseil de discipline . Mais dans un souci d’apaisement, ils avaient demandé à l’ étudiant agressé de faire un écrit à celui qui a été agressé à produit son écrit , mais l’agresseur a refusé de produire son écrit . On était allé jusqu’à ce que si jamais il acceptait de s’excuser auprès de l’agressé , on pouvait être clément et ne pas en arriver au conseil de discipline . Mais puisqu’ils ont voulu aller dans un bras de fer , on a fait notre travail qui a consisté donc à les passer au conseil de discipline , et je rappel ce jour là 11 personnes ont été passées en conseil de discipline . Je ne vois pas d’où vient l’idée que l’ANEB doit être au-dessus des textes ,des lois et des règles de notre pays .Donc la sanction qui s’imposait était donc prise .Nous avons par contre été approché par d’autre mouvements d’étudiants pour comprendre cela , mais que ce serait bien de voir si on alléger la peine . Donc cet appel à été fait mais l’ANEB insiste en disant qu’ils ne sont pas du tout d’accord avec la sanction .
Et moi je maintiens qu’on ne peut pas laisser l’université devenir un far West où on peut rentrer agresser qui ont veut à n’importe quel moment et repartir en toute impunité parce qu’on est militant de l’ANEB. Les sanctions qui s’imposent aux étudiants peuvent s’imposer aux enseignants. Si un enseignant a des comportements indélicats, les mêmes textes permettent de le passer en conseil de discipline . Nous prendrons nos responsabilités , donc je ne vois pas pourquoi on ne doit pas sanctionner quelqu’un qui a agressé . Aujourd’hui c’est la surenchère, nous avons les cas graves de blessures , mais d’autres qui ont eux des blessures légères qui sont allés se soigner eux-mêmes à la maison . Ça veut dire que si on ne prend pas nos responsabilités , on va continuer à administrer des agressions sur le campus de Ouaga ainsi que les autres Campus du Burkina Faso. Ça, c’est intolérable. Ce que j’aimerais ajouter , nous avons deux voies à prendre : des mesures disciplinaires vont être prises à l’encontre de ceux qui ont agressé ce matin encore , les auteurs des actes vont être identifiés et le conseil de discipline va être activé encore pour que des sanctions soient administrées. L’université a entrepris de déposer une plainte au niveau donc de la gendarmerie, la voie pénale doit s’engager. Je voudrais que l’opinion publique comprenne que l’université est là pour des échanges , on est là pour apprendre , pour développer l’intelligence , mais on est pas là pour en découdre à tout moment avec des gourdins et des machettes, ça ne pouvait pas se faire sur le campus.

Quelles sont les mesures qui ont été prises pour la continuité des cours sur le campus ?

Je peux vous assurer que nous avons maintenu les cours pour ce jeudi 7 décembre puisque c’est 72 heures de grève . Donc les dispositions ont été prises pour que les cours puissent tenir . Alors tous ceux qui ne sont pas dans la logique de la grève , nous tenons à les rassurer que nous prenons des dispositions pour que les cours se déroulent bien dans les universités Ouaga 1 et Ouaga 2 .
En dehors de Ouaga1, ils ont allés perturber les évaluations de leur camarades au niveau du SIAO, donc vous comprenez donc qu’on est dans une logique terrible de surenchère où on empêche les gens de faire leur évaluation, où on empêche ceux qui veulent faire les cours .
Par rapport aux quinze qui ont perturbé les cours , quand je suis allé au campus , c’était une foule immense que j’ai trouvée sur le campus , et ils nous ont demandé de prendre nos responsabilités parce qu’ils entendent prendre leurs cours . Je dois saluer leur sens de la responsabilité et de la mesure. Parce que cette foule qui avait été agressée , ils avaient voulu se dresser contre les agresseurs de l’ANEB , je pense qu’on aurait plus de dégâts que ça . Donc je salue l’esprit de responsabilité de cette foule qui était venue pour prendre les cours qui a eu la sagesse de ne pas répondre à l’affrontement mais en dépit de tout ceci, on a eu 6 qui sont à l’hôpital . Je rappelle qu’on n’a pas vu un seul membre de l’ANEB blessé. Ceux qui étaient blessés c’est ceux qui sont venus pour suivre les cours . Autrement, ceux d’en face n’étaient pas armés, ils étaient là mains nues et ils ont voulu juste suivre les cours . c’est dommage qu’on en soit là !
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Interview réalisée par Aboubacar Sagnon (RTB/Télé)
Retranscrite par K. Emmanuel Fiakofi (TOUTE INFO)