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Burkina Faso : le lâchage imminent de moustiques OGM soulève inquiétudes et indignation au sein de la société civile

lundi 15 octobre 2018


L’utilisation de moustiques génétiquement modifiés pour lutter contre le paludisme n’est pas du goût de la société civile burkinabè. Au cours d’une conférence de presse le 12 octobre 2018 à Ouagadougou la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) et le Collectif citoyen pour l’agro écologie (CCAE) ont tenu à réaffirmer leur position contre l’expérimentation de ces moustiques que le projet Target Malaria veut lâcher à grande échelle au Burkina Faso.

« Alors que le passif de l’expérimentation du coton génétiquement modifié n’est pas totalement soldé, voilà que nos chercheurs et autorités nous reviennent avec d’autres expériences sur les OGM : celle sur le niébé et celle sur les moustiques. » S’est indigné Ali Tapsoaba, le vendredi 12 octobre 2018 à l’ouverture de la conférence d’une presse co-animée par la Coalition pour la protection du patrimoine génétique africain (COPAGEN) et le Collectif citoyen pour l’agro écologie (CCAE). Selon le porte-parole des deux organisations et ses collègues, il y a de quoi s’inquiéter face à la technologie du « forçage génétique » que le projet Target Malaria veut utiliser dans sa lutte contre le paludisme. En effet, expliquent-ils, « si l’expérience est d’éradiquer des moustiques tueurs, elle peut aussi, et très vite, se transformer en désastre. » Les deux structures confient avoir alerter les autorités et les promoteurs du projet à plusieurs reprises ; mais ils feraient jusque-là la sourde oreille.
Pourtant, insistent-ils dans leur déclaration de presse, les moustiques OGM renommés « moustiques transgéniques » pour la cause comporteraient de multiples risques. D’abord, ils estiment que sur le plan sanitaire, personne ne rassure qu’en modifiant les moustiques, ces insectes ne pourront pas héberger d’autres maladies « plus virulentes voire plus mortelles que le paludisme. »
L’idée du projet Target Malaria selon laquelle, il s’agira de lâcher uniquement des moustiques mâles inoffensifs, est aussi battue en brèche : « quelle nature de moustiques naîtra de l’accouplement d’un moustique femelle génétiquement modifié et d’un moustique mâle local ? » Interrogent les conférenciers dans l’hypothèse où des moustiques femelles pourront également s’échapper lors des lâchers prévus au sein des populations humaines.
Sur le plan environnemental, la COPAGEN et le CCAE voient un risque de « chao écologique » dans la mesure où « le vide de niche écologique que va laisser la population [de moustiques : ndlr] décimée sera obligatoirement occupée par une autre race de moustiques dont on ignore les probables dangerosités. »
Convaincus que dans tous les cas, Target Malaria ne viendra pas à bout du paludisme en s’attaquant à l’anophèle gambiae (espèce concernée par le projet), puisqu’il y a d’autres espèces de moustiques, les conférenciers estiment qu’il y a même un problème éthique. En effet, il existerait des soupçons selon lesquels les arguments sanitaires de Target Malaria cachent « des objectifs industriels militaires. » Pour cette raison, la COPAGEN et le CCAE ont appelé à l’implication des communautés religieuses et coutumières.

L’Agence Nationale de Biosécurité : l’autre déception !

La loi 064-2012 portant régime de sécurité en matière de biotechnologie au Burkina Faso fait obligation à l’Agence Nationale de Biosécurité (ANB) de créer les conditions pour une « participation du public à l’utilisation de la biotechnologie et des organismes génétiquement modifiés et à la prise de décision ». Mais selon la COPAGEN et le CCAE, l’Agence nationale n’a procédé ni à une enquête publique, ni à une enquête ordinaire, ni à des consultations, ni à des audiences publiques, ni à un forum citoyen avant de délivrer son autorisation à Target Malaria à faire ses lâchers tests de moustiques mâles stériles en milieu ouvert dans les villages de Bana et de Souroukoudingan aux encablures de Bobo-Dioulasso. D’ailleurs Ali Tapsoaba ne cache pas son indignation vis-à-vis de l’ANB, censé réguler les questions biotechnologiques et biosécuritaires : « alors que nous l’appelions à examiner avec neutralité et à analyser finement la demande de lâcher des moustiques introduite par Target Malaria, nous avons été surpris et déçus d’apprendre qu’elle autorise le projet à faire ses lâchers (…) et ce par arrêté N°2018-453/MESRSI/SG/ANB du 10/08/2018. »
Face à ce qu’elles appellent « un forçage juridique », une quarantaine d’organisations de la société civile a déjà organisé une marche le 2 juin 2018 pour manifester son opposition aux moustiques OGM. Cette marche avait connu la participation de six pays et avait réuni plus d’un millier de personne, tient à rappeler Ali Tapsoaba pour qui « cette opinion ne peut être royalement ignorée, ce d’autant plus que nous n’avons pas vu une telle mobilisation d’opinions contraires. »
Contre toute pratique de culture génétiquement modifiée au Burkina Faso, la COPAGEN et le CCAE comptent se battre et s’opposer à l’autorisation de l’ANB pour les lâchers des moustiques OGM.
Du reste, les deux structures estiment que le meilleur moyen de lutte contre le paludisme demeure la mise en place d’une bonne politique d’assainissement et d’hygiène de nos habitats et de notre environnement.

Amidou Kabré

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