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Procès putsch manqué : La Transition un régime abominable, selon Herman Yaméogo

mardi 23 octobre 2018


Le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), par ailleurs co-président du Front républicain Herman Yaméogo a été rappelé à la barre ce lundi 22 octobre 2018. L’accusé qui était à la barre depuis le vendredi 19 octobre, est resté campé sur sa position. Après avoir applaudi le coup d’Etat, il déclare avoir soutenu un régime qui est venu remplacer un régime qu’il qualifie de putschiste, un régime qui est venu réparer un régime qu’il traite d’abominable.

Depuis sa première comparution à la barre, le vendredi 19 octobre 2018, le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD), par ailleurs co-président du Front républicain Herman Yaméogo a réfuté la thèse de complot qui pèse contre lui. Il est resté campé sur cette position lors de second passage à la barre ce lundi 22 octobre 2018. « Je n’ai participé à aucun complot » a-t-il déclaré face au parquet qui a du mal à le croire, et qui tout au long de l’audience de ce jour, va s’évertuer à prouver le contraire. Pour donc montrer son innocence, l’accusé va soutenir qu’il n’y a personne qui dira qu’il l’a vu prendre de l’argent, ou qu’il a manifesté. « Il y a erreur de la personne ce n’est pas de moi dont vous parlez » a-t-il soutenu. Cependant l’accusé, va confier avoir soutenu le régime qui a renversé la Transition. Estimant qu’elle a fait du mal au Burkina Faso, qu’elle lui a fait du mal, sa conviction est qu’elle ne doit pas gouverner. D’après lui donc les auteurs du coup d’Etat considéré comme un régime putschistes selon ses mots, viennent remplacer un régime putschiste qu’il considère comme étant abominable. Estimant l’avoir soutenu, Herman Yaméogo confie que s’il faut le condamner pour cela, on peut le condamner 1000 fois. « Au moins on saura qu’au Burkina Faso, il n’y a pas de liberté d’expression et que c’est le procès d’opinion qui nous a condamné » a-t-il soutenu.
« Est-ce un crime de se réjouir quand il y a coup d’Etat » ?
A travers ce développement, il n’aura pas réussi à convaincre le parquet qui va rappeler qu’il avait déclaré à la barre qu’il applaudi toujours les coups d’Etat ; pour prouver que pour ce coup-ci, il est complice. L’accusé va reconnaitre être l’auteur de cette déclaration et confie par la même occasion qu’il applaudit tous les coups d’Etat qui renversent un régime qui opprime un peuple. Son conseil, Me Antoinette Ouédraogo va le soutenir en déclarant que le parquet semble reprocher à son client d’avoir applaudi au coup perpétré. Elle rappelle que ce qu’il ne dit pas, ce n’est pas pour ce coup d’Etat seulement qu’il a applaudi mais également aux précédents. En rappelant qu’il avait dit qu’il soutient toujours les coups d’Etat qui brimaient les populations, Me Antoinette Ouédraogo soutient que son client fait partie d’un groupe de personnes qui était brimé et pose la question de savoir pourquoi l’on ne veut pas qu’il soit content de ce qui est arrivé ? « Est-ce un crime de se réjouir » a-t-elle demandé avant d’ajouter qu’il y a complot lorsqu’il y a concertation. Indiquant ne pas savoir avec qui son client s’est concerté ; elle conclut : « je pense que le parquet n’a pas suffisamment investigué ». Son collègue, le bâtonnier sénégalais, Me yéri Thiam aussi avocat du co-président du Front républicain se référant à l’article 109 de la constitution va la soutenir en confirmant qu’il y a complot dès que la résolution d’agir est prise entre deux ou plusieurs personnes. Pour lui, il faut donc que le parquet montre que Herman Yamégo a agi avec d’autres personnes. En réponse au parquet qui avait affirmé que l’accusé a été contacté pour consolider le coup d’Etat, l’avocat de la défense va soutenir que pour consolider un coup d’Etat, cela veut dire que le coup a déjà été consommé.

Le général Gilbert Diendéré une victime du coup d’Etat ?

A la question de savoir ce qu’il pense du coup perpétré, l’accusé émet deux hypothèses. La première est que le coup a été fait, il a été imposé au général Gilbert Diendéré et il a accepté. La seconde est qu’il a accepté afin d’éviter un autre coup d’Etat. Pour justifier ses propos, il évoque l’impréparation de l’acte posé. A l’en croire, il n’y a pas eu de main mise sur les radios, les frontières ne sont pas fermées, il n’y a pas de musiques militaires. A la question du parquet de savoir si le général n’est pas l’auteur pourquoi a-t-il assumé, le prévenu va confier que selon et ce qu’il a entendu, certains ont dit qu’i y a eu des réunions et que le général même a dit que le coup lui a été imposé. Pour en s’avoir un peu plus sur cette question, le procureur militaire va lui demander à savoir ce qu’il sait sur la précipitation du coup d’Etat. Se replaçant dans le contexte selon ses mots, le juriste de profession a déclaré ne pas comprendre la logique du coup d’Etat. Il justifie ses propos en indiquant qu’en allant à la présidence, il n’y avait pas un dispositif extraordinaire. Ceci prouve selon lui qu’il s’agit d’un coup non préparé. A la question de savoir l’initiative de rencontrer le général vient de qui, l’accusé va souligner que aux premières heures des évènements, c’est chez lui que les responsables des partis membres du Front républicain se sont regroupés. Il poursuit en indiquant qu’au cours de ce rassemblement, chacun appelait pour comprendre ce qui se passait réellement et que le rendez-vous pris avec le patron de l’ex-RSP vient de ceux qui étaient présents. Cependant, il dit ne pas savoir qui sait et que même s’il le savait, il ne le dirait pas.
Ses propos vont amener le parquet militaire à l’accusé d’avoir été sollicité pour être l’aile politique du coup d’Etat. Le président de l’Union nationale pour la démocratie et le développement (UNDD) va réfuter cette accusation en déclarant : « je n’ai jamais été sollicité pour être l’aile politique du coup d’Etat. Si c’était le cas, je vous le dirai ». Il ne va pas s’arrêter là. Il va poursuivre en soulignant que s’il était sollicité effectivement, il serait engagé de toutes ses forces ; dans le but d’éviter tous les dérapages qu’il a eu.

Thierry LOMPO