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Procès putsch : Le général Gilbert Diendiéré continue ses révélations

mercredi 28 novembre 2018


Après son échec de contrôler l’armée, le général de division, le lieutenant-colonel Yacouba Isaac Zida en 2015, Premier ministre sous la Transition a tenté de faire rentrer sur le territoire burkinabè des mercenaires angolais. C’est le général Gilbert Diendéré qui l’a affirmé ce mardi 27 novembre 2018 lors de sa deuxième comparution à la barre du Tribunal militaire qui le juge pour son rôle dans le dossier du putsch manqué. Il accuse également son frère d’arme d’avoir payé un militaire radié pour l’éliminer. Il révèle que L’actuel président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP au moment des faits et le chef de file de l’opposition, président de l’UPC, Zéphirin Diabré étaient sur sa liste noire.

C’est avec sérénité que le général de brigade, Gilbert Diendéré est revenu à la barre ce mardi 27 novembre 2018. Son interrogatoire de ce jour débute par une question que le président du Tribunal lui a posée : « qui sont les auteurs du coup d’Etat » ? En réponse à cette interrogation, il déclare ne pas être en mesure de donner les noms des commanditaires. Il explique qu’il a été appelé par deux éléments du RSP à savoir l’adjudant-chef Moussa Nébié dit Rambo et l’adjudant-chef major Florent Nion, qui l’ont informé, qu’ils ont interpellé les autorités de la Transition et qu’ils ont été désignés pour venir le chercher. Aussi étonnant que cela puisse paraître, il confie n’avoir pas cherché à savoir davantage et qu’il y a des choses qu’il a appris à la barre comme tout le monde. A l’en croire, ils ne lui ont pas donné les identités des autres exécutants. Confiant avoir pris le problème sous l’angle selon lequel, il s’agit d’un problème lié au corps ; le général souligne que c’est le 12 septembre 2016 quand il y a eu une confrontation entre certains accusés et lui, qu’il a appris certains détails. Le reste il soutient que c’est à la barre qu’il l’a appris.

Des mercenaires angolais pour permettre à Zida de mettre en exécution son agenda caché

Le Premier ministre sous la Transition a tenté de faire rentrer sur le territoire, des mercenaires pour l’aider à garder le pouvoir. C’est ce que l’on a compris des propos tenus par le général à la barre. Il a en effet confié que face à l’échec de contrôler l’armée, le lieutenant-colonel à l’époque des faits, a cherché à faire rentrer sur le territoire burkinabè des mercenaires. A l’en croire, il devait se rendre en Angola pour faire venir lesdits mercenaires et a pris soin de faire retirer du trésor, la somme de 100 millions de francs CFA. C’est une information que le général dit tenir de source personnelle. Il souligne ne l’avoir pas pris au sérieux ; mais s’est ravisé quand le patron de l’exécutif burkinabè a programmé effectivement une mission qu’il devait effectuer dans ce pays. Il explique qu’il va finalement annuler le voyage sur conseil du président de la Transition Michel Kafando. Ce dernier selon l’accusé sans connaitre les vraies raisons du voyage lui a demandé de l’annuler ou de le reporter compte de tenu de la situation qui prévalait au pays. S’il a renoncé à effectuer la mission lui-même, il fera partir deux personnes dont les identités non pas été dévoilées grâce à une partie de l’argent retiré au trésor à en croire le général qui souligne que c’est le directeur de cabinet du Premier ministre, Job Ouédraogo qui l’a confirmé plus tard. Il affirme qu’il a également confié que son patron n’a pas restitué le reste de l’argent. Le prévenu ajoute avoir rencontré le président du Faso, Roch Marc Christian Kaboré, président du MPP au moment des évènements qui aussi lui a dit qu’une mission est allée en Angola et que les autorités angolaises ont appelé les autorités burkinabè pour savoir si la mission était officielle.

Roch Marc Christian Kaboré, Zéphirin Diabré sur la liste noire de Zida

Zida prévoyait-il éliminer Roch Marc Christian Kaboré et Zéphirin Diabré sous la Transition ? C’est ce que l’on a retenu des révélations faites par l’accusé. Si on veut le croire, des menaces pesaient sur certaines personnalités sous la Transition. A la question de savoir qui sont-elles ? Le général ne donnera que deux noms. Il cite, Roch Marc Christian Kaboré, président du Faso, président du MPP en 2015 et Zéphirin Diabré, président de l’UPC, chef de file de l’opposition politique la même année et actuellement. Selon ses explications Zida a inscrit le premier sur sa liste noire parce qu’au cours d’une réunion, il avait déclaré que si l’armée veut retirer les militaires de la Transition, cela ne le dérangeait pas et que l’importance c’est que la Transition aille à sa fin. Pour ce qui est du second, il confie que tout comme le premier, il constitue un obstacle pour son agenda caché et que c’étaient ces deux hommes politiques qui pouvaient faire ombrage à sa volonté d’arriver à ses fins.

Zida décidé à éliminer Diendiéré

Une autre personnalité qui dérangeait Yacouba Isaac Zida, c’est bien sûr le général de brigade Gilbert Diendiéré. c’est ce que l’on a compris quand il a accusé celui qu’il qualifie de petit frère car venant tous les deux de la même région d’avoir fait appel au service d’un militaire radié de l’armée burkinabè pour l’éliminer. Il confie que le militaire en question est le neveu d’un important chef coutumier dont il a préféré taire le nom de même que celui du militaire radié en question. A l’en croire, c’est le chef coutumier qui l’a informé. Il déclare que quand il a rencontré celui qui devrait l’assassiner, ce dernier lui a confirmé la mission qui lui a été confiée moyennant une somme d’argent qu’il lui a également montré. « S’il n’a pas exécuté la mission, c’est parce qu’il ne pouvait pas s’adonner un acte aussi ignoble » foi du général. D’après lui, la non-exécution de la mission en question, lui a valu l’exile car étant menacé, le militaire radié a simplement quitté le pays pour préserver sa vie.

Entre le RSP et les autres unités il n’y avait pas match

« Entre le Régiment de la sécurité présidentielle (RSP) et les autres unités des garnisons intérieures qui étaient en route pour Ouagadougou, il n’y avait pas match », c’est ce qu’a déclaré le général de brigade Gilbert Diendiéré à la barre, lors de l’audience. La raison c’est que parmi ceux qui venaient, certains militaires n’avaient même pas d’armes contrairement aux éléments du RSP qui étaient dotés chacun d’un pistolet automatique et d’une Kalachnikov avec 4 chargeurs de 120 munitions. D’après lui, c’est grâce à leurs bons conseils qu’ils sont des frères d’armes, et qu’il n’y aurait pas d’attaque que les éléments du RSP ne sont pas sortis pour les croiser. A l’entendre, ils étaient prêts à se positionner à 50 km de la ville pour les attendre et qu’en cas d’affrontements, les civils soient épargnés.

Thierry LOMPO