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DECLARATION DE LA CEEB A L’OCCASSION DU 8èmeANNIVERSAIRE DES EVENEMENTS DE FEVRIER 2011

vendredi 22 février 2019


Ouagadougou le 22 février 2019

Camarades élèves et étudiants,

Les 22 et 23 février 2011 les élèves de Koudougou et du reste du pays ont été victimes d’une répression barbare de la part des forces de défense et de sécurité. Cette répression s’est abattue sur les élèves et étudiants d’alors qui exigeaient vérité et justice pour Justin L. ZONGO, élève en classe de 3ème au lycée Guesta KABORE actuel Lycée Privé Madiba (LPM).
Justin a rendu l’âme suite à des tortures dans les locaux du commissariat central de police de Koudougou. Cette nième forfaiture des forces de défense et de sécurité a suscité l’indignation de l’ensemble des élèves, des étudiants et de la population qui sont descendus dans les rues dès les premières heures pour exiger vérité et justice. Comme à l’accoutumée, les autorités formulèrent un mensonge selon laquelle Justin est mort de méningite. Ce mensonge flagrant n’a naturellement convaincu personne. Il n’en fallait pas plus pour que les autorités d’alors dont certains sont aujourd’hui les cadres du pouvoir MPP (Seydou ZAGRE actuel chef de cabinet du président du Faso et maire de la commune de Koudougou au moment des faits) jettent leurs appareils répressifs sur les manifestants.
Cette répression occasionna un bilan très lourd dont trois (03) morts à Koudougou. Il s’agit de OUEDRAOGO Assad, élève en classe de 3ème au lycée municipal de Koudougou ; KISSOU Wendkouni, étudiant en science économique et gestion (SEG) et BAKO Issa, apprenti mécanicien. Dans les environs de Koudougou, on note également deux morts dont l’écolier, ZOUBGA Hamed, en classe de CE2 à l’école centre de POA et l’élève Bouda Michel, en classe de 5ème au lycée de Kindi. C’est l’occasion pour nous d’avoir une pensée pieuse à l’endroit de tous ces camarades tombés sur le champ de bataille.

Camarades élèves et étudiants,

Au prix du sacrifice, justice a été rendue à Justin ZONGO. En effet, les auteurs de cette forfaiture odieuse ont été jugés et sanctionnés. Il s’agit notamment des assistants de police NEBIE Bélibi et FAYAMA Béma et de l’officier de police KABORE Narcisse ; sanctions obtenues pour la première fois sous la IVème République. Si justice a été obtenue pour Justin ZONGO, les autres camarades qui sont tombés pour ce combat la méritent également. C’est pourquoi, ce huitième (8e) anniversaire est un moment pour nous de réclamer justice pour ces martyrs qui sont tombés pour la bonne cause, pour la lutte pour un état de droit véritable.
Il est important de faire un diagnostic de la situation actuelle des libertés dans nos universités, lycées et collèges. Dans les universités, les libertés sont constamment attaquées. A l’Université Ouaga I Professeur Joseph Ki-ZERBO, la police est présente sur le campus en violation des franchises universitaires. Dans les lycées et collèges, certains chefs d’établissement zélés intimident les élèves qui s’organisent pour poser leurs justes préoccupations. C’est l’exemple du premier responsable du lycée Saint Jean baptiste de Garango qui à injustement blâmé quatre (4) de nos camarades pour avoir soutenu la lutte de la CNSE en 2018. C’est le lieu pour nous de saluer la réponse de nos camarades de l’Association des Elèves du Secondaires de Garango (AESG) à travers leur déclaration de rentrée en date du 9 janvier 2019. On peut y lire ce qui suit : « c’est le lieu pour nous de lui rappeler que les libertés d’organisation et de manifestation sont les fruits des luttes acharnées du peuple burkinabé pendant des décennies. Nous ne permettrons à personne d’où qu’elle vienne de venir les remettre en cause. »
La CEEB condamne ces attitudes de type moyenâgeux qui sont de nature à transformer les écoles et universités en camps militaires.
Les conditions de vie et d’étude s’empirent de jour en jour avec des milliers d’écoles sous paillottes, des effectifs pléthoriques, l’insuffisance de manuels scolaires, les cantines scolaires qui n’existent quasiment pas etc. A cela s’ajoute l’instauration de cotisations dites spéciales en violation de la directive de l’UNAPESB et de certaines directions régionales de l’enseignement post-primaire et secondaire (centre-ouest et sud-ouest) l’interdisant. C’est à ce tableau sombre que viendra s’ajouter la fermeture de plus de mille écoles dans l’est et le nord du pays du fait des attaques terroristes, excluant ainsi des milliers d’enfants du peuple burkinabé du bénéfice du savoir. La CEEB tient à exprimer sa compassion à l’endroit des populations victimes de ces attaques et appelle le gouvernement à la prise de mesures idoines pour la résorption de cette situation.
Cette crise généralisée de l’éducation et le mépris des autorités, a contraint les travailleurs de ce secteur à engager une lutte en vue d’améliorer leurs conditions de vie et la qualité de l’éducation. La CEEB félicite l’ensemble des élèves qui ont su déjouer les tentatives d’opposition des élèves aux enseignants en soutenant activement cette lutte. Le sort de l’apprenant et celui de l’enseignant sont intimement liés parce qu’étant tous victimes du désengagement de l’Etat de l’éducation, ce qui occasionne la précarité des conditions d’apprentissage et de travail.

Camarades élèves et étudiants,

En ce 8ème anniversaire, le Bureau Exécutif de la CEEB vous appelle à faire de cette journée, une journée de conscientisation et de lutte pour une école accessible à tous les enfants du peuple, en ville comme en campagne dans notre pays.
Vérité et Justice pour :
• OUEDRAOGO Assad !
• KISSOU Wendkouni !
• BAKO Issa !
• ZOUBGA Hamed !
• BOUDA Michel !
En avant pour le respect des libertés d’organisation et de manifestation !!
Pain et liberté pour le peuple !!

Le Bureau Exécutif National