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Interdiction de la marche du 12 octobre : Attention à la tentation dictatoriale

jeudi 10 octobre 2019


La décision de la mairie de Ouagadougou d’interdire la marche-meeting des organisations de la société civile le 12 octobre prochain sonne mal pour la santé de notre démocratie. Et ce sera la deuxième fois en l’espace d’un mois que le scénario se répète. Avec de telles postures, les autorités semblent manifester un secret espoir de pouvoir fermer la bouche à quiconque oserait lever le doigt pour dénoncer publiquement ce qui ne va pas dans ce Burkina Faso éprouvé par les choix politiques hasardeux et compromettants pour l’avenir du pays.

C’est assurément un mauvais choix de gouvernance que viennent d’opérer les autorités municipales de Ouagadougou. L’interdiction de la marche-meeting des organisations de la société civile prévue le 12 octobre 2019 crée un nouveau boulevard d’exacerbation des rapports déjà tendus entre les autorités et les mouvements civils en lutte. Elle va nourrir la tentation d’opposer des Burkinabè pourtant préoccupés par le triste sort de leur patrie : la police, l’armée et la population civile organisée. Cela est dommage dans la mesure où ces forces militaires et paramilitaires sont censées se mobiliser au dernier degré pour être au front de la lutte contre l’invasion politico-militaire du territoire par des bandes organisées de tout acabit. A vouloir donc retourner ces enfants qui portent les armes en bandoulière contre leurs frères en lutte aux mains nues, le pouvoir joue gros. On se rappelle qu’il n’y a pas longtemps, le 16 septembre 2019, les autorités municipales appuyées par celles gouvernementales du Burkina ont balancé une raison de délai non respecté dans la formulation d’une lettre d’information des organisations syndicales pour interdire et réprimer la marche de l’Unité d’action syndicale (UAS) et ses alliés, jugée illégale. En son temps, la brouille était si prospère que certains citoyens se sont laissés emportés surtout par l’idée distillée par le gouvernement selon laquelle, le contexte sécuritaire défaillant ne prêtait pas à une telle activité.
Pourtant, la marche-meeting du 16 septembre était symboliquement très importante en ce sens qu’elle rappelle la mise en échec du putschisme, notamment du coup d’Etat de 2015 porté par le Conseil national pour la démocratie (CND), avec à sa tête le général Gilbert Diendiéré. Cette journée de mobilisation visait aussi à dire aux tenants du pouvoir qu’il y a des préoccupations pressantes chez les travailleurs et au sein du peuple. Au lieu de regarder cette réalité en face et y apporter des réponses, certains soutiens du Chef de l’Etat ont vite vu une tentative de déstabilisation du régime, comme pour justifier la répression. Une sorte de fuite en avant qui prouve également que le régime est beaucoup plus imbu de pouvoir que de s’occuper des souffrances que vivent les populations.
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Avec cette nouvelle décision, la mairie de Ouagadougou a réitéré ses anciens exploits. Sauf que cette fois, elle est allée jusqu’au délire avec des appréciations qui rappellent le printemps des partis uniques. L’époque où aucune divergence avec les tenants du pouvoir n’est tolérée. Dans la lettre d’interdiction de la marche-meeting initialement prévue dans le cadre des journées anti-impérialistes, les autorités municipales jugent que l’activité est « inopportune ». Ainsi donc, des organisations comme le Mouvement burkinabè des droits de l’Homme et des peuples (MBDHP), l’Organisation démocratique de la jeunesse (ODJ), l’Association des élèves du secondaires de Ouagadougou (AESO), pour ne citer que celles-là, devraient attendre que des affidés du Mouvement du peuple pour le progrès comme le maire de Ouagadougou trouve son compte dans une manifestation pour se convaincre de son utilité. Si tel était le cas, elles auraient mieux fait d’opter pour une auto-asphyxie tout le temps que vivra le pouvoir de Roch Marc Christian Kaboré. Cela n’est pas acceptable à ce siècle. Et il faut avoir de la lucidité pour avouer que nous avons affaire à une volonté des dirigeants de museler la libre expression des mouvements sociaux. C’est une preuve qu’ils ne veulent pas regarder la réalité en face avec l’ensemble des composantes de la nation, mais qu’ils comptent sortir de l’ornière avec des forces extérieures, pourtant hors de contrôle dans nos Etats fébriles.
Or, voici ce que disent les organisateurs des 4èmes JAI après leur diagnostic de la situation qui donne lieu d’orientation de leur engagement : « la tenue de la 4ème édition des Journées anti-impérialistes (JAI) vise à contribuer à l’élévation du niveau théorique, idéologique et politique des participant-e-s par la création d’un cadre d’échanges sur les liens entre terrorisme et impérialisme en Afrique. » Ils précisent que les activités « permettront de jeter un regard critique et militant sur l’impact des menées impérialistes sur la crise sécuritaire sur le continent avec en ligne de mire la dénonciation du terrorisme d’une part comme produit de l’impérialisme et d’autre part comme obstacle aux luttes d’émancipation des peuples d’Afrique. » Il aurait donc fallu éviter la censure de la marche-meeting du 12 octobre 2019 qui n’est qu’une sous-activité de ces journées anti-impérialistes qui se tiennent dans la capitale burkinabè du 10 au 12 octobre 2019.

TOUTEINFO.COM , Editorial N°002 du jeudi 10 octobre 2019