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MANIF DES MILITAIRES RADIES : ils seront reçus par le ministre de la défense Roch Marc Christian Kaboré

lundi 27 juin 2016


Les militaires radiés en 2011 ont manifesté ce lundi 27 juin 2016 à Ouagadougou. L’objectif est de rencontrer le ministre de la défense afin de discuter de leur réintégration.

Cela fait cinq ans qu’ils sont radiés de l’armée burkinabè, ces ex-militaires. Et ils ratent aucune occasion pour exprimer leur désir de réintégrer les rangs de la grande muette. Après avoir rencontré les autorités sous la transition, celles au pouvoir actuellement, organisé des conférences de presse qui n’ont rien donné, ces radiés ont décidé de changer de technique d’approche. Ils ont alors prévu manifester devant le ministère de la défense ce lundi 27 juin 2016.

Manifestation écourtée

Ils étaient plus d’une centaine à se regrouper devant la place des martyres où ils se sont dirigés vers ledit ministère. Ils n’auront pas la chance d’y arriver ; puisqu’à quelques mètres, leur progression a été stoppée par un dispositif de sécurité constitué de militaires équipés de matériel de maintien de l’ordre. Ce qui saute aux yeux, il s’agit d’une manifestation pacifique. Pas de pancartes, pas de déguisements, etc. pour faire passer un message fort comme on le voit d’habitude.

Il était 8 heures passées quand les manifestants sont apparus à l’entrée de la voix non bitumée qui mène au ministère en question en quittant le rond point de Ouaga 2000 en direction de Nagrin. Juste à côté, ils ont garé leurs motos pour s’y rendre à pied avant d’être stoppés par le dispositif de sécurité à quelques pas. Alors s’est engagé une négociation entre le responsable chargé de diriger les éléments affectés au dispositif sécuritaire et les manifestants. Le responsable leur a demandé de repartir à la place des martyrs, où ils seront rejoints par des voix plus autorisées avec qui ils pourront s’entretenir. Pas question, ont-ils rétorqué car « nous n’avons plus d’essence pour repartir jusque là ».
Décidés à se rendre devant le ministère en charge de la défense, les ex. militaires semblent être fermés à toute négociation avec leur interlocuteur. On pouvait entendre : « Cinq ans c’est trop, on est fatigué d’attendre », « cela fait cinq ans que l’on est même plus en mesure de soulever un ton, il faut trouver une solution », « On ne va pas partir d’ici … ». Des phrases lancées pour narguer le supérieur d’en face ou par envi de fumer réellement. Un des radiés dans le groupe ne s’est pas fait prier avant d’allumer une cigarette. Intimé par ses compagnons de l’éteindre, il leur rétorque : « je l’ai achetée avec mon l’argent ». Mais il finira par entendre raison et l’éteindre.

1er juillet : rendez-vous avec le ministre de la défense

Au moment où les négociations piétinent, un véhicule venu en direction du ministère a garé. A bord, y était le secrétaire général du ministère de la défense, le colonel major Alassane Moné. Visiblement serein, l’homme s’est avancé vers les manifestants. Arrivé à leur niveau, le chef de sécurité a pris la parole et a demandé à ses ex-frères d’armes, de désigner un responsable qui pourra s’adresser à l’autorité. Sans tergiverser, le porte-parole, ex. soldat de première classe Hervé Tapsoba s’est présenté. Le secrétaire général s’est alors adressé à lui en même temps que ses compagnons. Il leur a livré le mot du ministre de la défense. Selon lui, le ministre en charge de la défense, par ailleurs président du Faso Roch Marc Christian Kaboré est disposé à les rencontrer.

Ladite rencontre n’est pas prévue pour se tenir le jour de la manifestation, mais plutôt le vendredi 1er juillet 2016 à 9 heures. Cependant, tout le monde ne pourra pas prendre part à la dite rencontre a souligné le colonel major Alassane Moné. Il leur a alors demandé de faire une liste de 8 personnes rencontreront le chef de l’Etat.

Il faut dire que cette proposition a été acceptée par les manifestants qui n’ont pas eu a posé ni d’exigence, ni de doléances immédiates. Après cette étape "gagnée", les militaires radiés se sont redirigés vers la place des martyres pour se concerter. Avant de repartir, le secrétaire général a demandé au porte-parole de prendre ses responsabilités pour qu’il n’y ait aucun incident. Il faut dire que la manifestation n’aura durée que quelques minutes, et elle s’est déroulée dans un total pacifisme.

De retour à la place des martyrs, l’ex. soldat de première classe Hervé Tapsoba s’est livré aux hommes de médias. Il explique que cette marche s’inscrit dans le cadre de la lutte des militaires radiés en 2011 pour leur réintégration. Depuis cinq ans en effet, ils ont entrepris différentes démarches auprès des autorités, qui n’ont pas abouti.

Ne sachant pas à l’heure présente, le sort qui leur est réservé, les militaires radiés vivants à Ouagadougou, dans les périphéries de la capitale, et les provinces proches, se sont donnés rendez-vous afin de se rendre à leur ex.ministère de tutelle pour croiser l’actuel ministre de la défense, a affirmé le porte-parole Hervé Tapsoba. L’objectif, est de connaître la position du gouvernement étant donner que les échanges avec la hiérarchie militaire n’ont rien donné de concret. Si déjà à la place des martyrs, les 8 personnes qui vont rencontrer le ministre en charge de la défense Roch Marc Christian Kaboré, étaient désignés, leurs noms ne seraient pas connus avant le vendredi 1er juillet 2016.

En attendant le "jour de vérité", les « persona no grata » de l’armée burkinabè ne perdent pas espoir quand à un avenir meilleur. « C’est un bon début, mais nous attendons la fin de la rencontre pour apprécier si c’est vraiment bon ou pas », a lancé l’ex.soldat de première classe. En attendant le vendredi, tous ont affirmé leur détermination à lutter afin d’obtenir gain de cause. « Nous ne défendons ni des voleurs, ni des violeurs, nous défendons des radiés qui sont en juste cause » a confié Hervé Tapsoba qui estime que la note de radiation a été prise de façon unilatérale. Par conséquent, il est important de poser un acte pour qu’elle respecte les normes. Selon lui, il est du choix des autorités de rappeler tout le monde ou pas. Mais cela doit se faire à l’issue d’une enquête qui va établir les responsabilités des uns et des autres. Il a déclaré que si des preuves présentent un radié coupable d’un fait grave, le groupe ne pourra pas le défendre. Autre point important, c’est la demande de ces derniers. A l’heure actuelle, ils n’exigent pas une réintégration forcée dans l’armée. Leur porte-parole a fait comprendre, que chacun d’eux est spécialiste dans un domaine donné. D’où leur demande à être réintégré dans l’administration publique même si ce n’est pas dans l’armée. « Le plus important c’est que nous soyons sous tutelle du ministère de la défense » a précisé le porte-parole des militaires radiés Hervé Tapsoba.

Edoé MENSAH-DOMKPIN

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