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Affaire Dabo Boukary : l’UGEB maintient la flamme 25 ans après

mercredi 20 mai 2015


Il y a 25 ans, le 19 mai 1990, Dabo Boukary alors étudiant en 7ème année de médecine à l’université de Ouagadougou a été assassiné dans des circonstances restées troubles. L’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB) entend continuer la lutte afin que justice lui soit rendue. C’est le sens d’un panel organisé par sa section de Ouagadougou Le mardi 19 mai 2015 sur le thème Evénements du 19 mai 1990 : devoir de mémoire et de lutte pour la vérité et la justice pour Dabo Boukary. Professeurs et étudiants étaient nombreux à participer à cette commémoration.

A l’entame du panel, une minute de silence a été observée à la mémoire du disparu. Pour l’occasion, la conférence a vu l’intervention de certains acteurs engagés pour le jugement du dossier Boukary. Ainsi, tour à tour, Séni Koanda et Soulamane Soungalo, deux anciens camarades de Dabo Boukary, Chrysogone Zougmoré, le président du Mouvement burkinabè des droits humains et des peuples (MBDHP) et Me Prosper Farama, l’avocat du disparu sont revenus sur les circonstances de son enlèvement puis de son assassinat au Conseil de l’Entente. Selon Patrice Zoéhinga, le président de l’UGEB, durant ces 25 années, l’UGEB ne s’est jamais lassée de revendiquer la justice et la vérité pour Dabo Boukary même aux moments difficiles. Aussi, à ses dires, ce panel vise non seulement à revenir sur les événements de mai 1990 en vue d’éclairer la jeune génération de militants sur ce qui s’est passé mais aussi à faire connaitre ses différents acteurs. Certains acteurs de ces événements tentent de se dédouaner afin de se refaire une virginité politique. Il est dans le devoir de l’UGEB de rétablir les faits, a souligné Patrice Zoéhinga.

Le Professeur Séni Kouanda, président de l’Association nationale des étudiants burkinabè (ANEB), section de Ouagadougou au moment des faits, a déploré que les camarades de lutte de Dabo Boukary n’aient été entendus que 23 ans après les événements. Et de rappeler : en mai 1990, nous étions dans un contexte d’Etat d’exception sous le Front populaire et les étudiants se sont organisés au sein de l’un de leur institut pour se battre pour non seulement avoir plus de démocratie, plus de possibilité de se réunir librement mais aussi, ils voulaient se battre contre le système d’examen qui était très sélectif. Face à cette situation, le pouvoir du Front populaire va régir en excluant de l’université, tous les membres exécutifs du bureau de l’ANEB. Il va s’en suivre une répression qui va s’abattre sur l’ensemble des étudiants militants de l’ANEB de l’époque au niveau du campus. C’est dans ce contexte que les étudiants vont se retrouver au conseil de l’entente et vont être battus et l’un de nos camarades, Dabo Boukary, y trouvera malheureusement la mort le 19 mai 1990. Quand les gens racontent des histoires, les faits sont là (...) parce que dans tous les cas, les commanditaires ou les exécutants sont connus. Ce faisant, le professeur Kouanda a cité, entre autres, les noms de Alain Sawadogo alors recteur de l’université et Salif Diallo, conseiller à la présidence du Faso. C’est ce dernier qui aurait, à l’entendre, donner l’ordre de disperser les étudiants lors d’une l’assemblée générale le 15 mai 1990. Pour sa part, Chrysogone Zougmoré, président du MBDHP, a assuré que l’aboutissement du dossier Dabo Boukary demeure l’une des priorités pour sa structure depuis sa création le 19 février 1989. Embouchant la même trompette, le défenseur du dossier, maître Prosper Farama, a certifié que tous les acteurs concernés seront entendus par le juge d’instruction pour que triomphe la justice car personne ne sera au dessus de la loi.

Lucienne Bamogo