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Entreprenariat des jeunes : l’histoire émouvante de l’étudiant cordonnier

jeudi 21 novembre 2019


L’entreprenariat est sans doute la parade pour plus d’un à juguler le chômage des jeunes au Burkina Faso. Dans nombre d’initiatives du gouvernement, l’appel est d’inciter les jeunes à entreprendre, tant la fonction publique ne peut guère satisfaire les milliers de demandes d’emploi. Dans nos universités publiques, ne sachant plus à quel saint se vouer, les étudiants développent des initiatives personnelles pour pouvoir poursuivre leurs études en attendant le bon filon au succès d’un concours de la fonction publique. Le 14 novembre 2019, nous sommes allés à la rencontre de deux étudiants qui se sont lancés dans le petit entreprenariat dans la cité universitaire de Kossodo à Ouagadougou.

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Nous voilà le 14 novembre 2019, autour de 08H30 à la cité universitaire de Kossodo. Située dans la partie nord de la capitale sur la route de Ziniaré, nous avons été accueillis à première vue par un nombre important d’étudiants, certains qui s’affairaient pour rejoindre l’université pour un cours, d’autres profitant par petits groupes l’air matinal sans compter les dormeurs attardés toujours dans les chambres. En tout cas une ambiance bon enfant des étudiants dans cette cité, la plus grande de la ville. Notre guide, Moumouni Belem de nous renchérir, « ici c’est une famille », « on se connait presque tous ici. La chaleur entre les uns et les autres ne nous dit guère le contraire.
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Après quelque temps de discussion avec notre accompagnateur et des étudiants, face maintenant à la vie des étudiants hors campus. Et là, nous mettons le cap sur le cordonnier de la cité universitaire Kossodo. Assis sur une chaise, la petite table occupant les chaussures à raccommoder, l’aiguille, la lame et le file juste à côté, Alain Sié K. est le patron des lieux. L’aire, d’un véritable artisan, le vaillant avec une dextérité hors du commun est la fierté des étudiants tant son expertise est sollicitée. Interrogé, Alain Sié K. indique que son petit métier lui a été transmis par ses parents. « J’ai commencé la cordonnerie depuis la classe de CE2 » nous explique-t-il. Et aujourd’hui étant étudiant et par manque de moyens, il arrive à combler ses petits besoins sur le plan académique sans faire recourir à ses parents depuis la Côte-D’Ivoire grâce à son activité. Même s’il reconnait avoir des difficultés pour suivre tous ses cours, il pense décrocher sa licence en géographie. Par ailleurs, il invite ses camarades à se lancer dans les petits boulots car il estime que le fond d’aide accordé aux étudiants (FONER) est insignifiant par rapport aux charges quotidiennes de l’étudiant.

Autre lieu, autre réalité. A quelque cent mètres de l’étudiant cordonnier, se trouve la boutique, ou s’il faut dire le TELECOM bien équipé d’Issaka Sawadogo. Etudiant en fin de cycle d’étude anglophone à l’université Joseph Ki-Zerbo, Issaka fait partie des premiers à trouver l’idée d’ouvrir une boutique de matériel informatique, de transactions financières de réseaux mobiles, de vente de portable et autres. Avec une influence pas des moindres des étudiants dans son commerce, il dit être comblé par sa petite activité dont il nourrit l’ambition d’agrandir. Il trouve que tout début est difficile faisant allusion à son parcours mais pense que lorsqu’on y met de l’abnégation et du courage, on y arrive toujours. A cet effet, Issaka, le sourire tout large invite ses camarades à se lancer dans l’entreprenariat.
Derrière Issaka et Alain Sié se cachent plusieurs étudiants qui au-delà des études s’en sortent bien dans l’entreprenariat .Ils ne sont pas si nombreux certes mais les mentalités des jeunes burkinabè ont commencé à évoluer sur la question entrepreneuriale .Des initiatives à encourager donc !

Alain Yaméogo