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Grève des Magistrats : « Nous ne demandons pas de salaire de ministre, mais juste le minimum pour pouvoir faire notre travail », clame le syndicat

lundi 22 février 2016


Le Comité intersyndical des magistrats a décidé d’aller en grève du 24 février au 1er mars 2016 prochain. L’information a été donnée au cours d’une conférence de presse tenue le lundi 22 février 2016 dans la salle d’audience du Tribunal de Grande Instance de Ouagadougou.

« Le budget des juridictions doit être rédigé et défendu par les acteurs judiciaires. Cela évitera le traitement sélecté des dossiers judiciaires » ; c’est ainsi que le comité intersyndical des magistrats revendique ses doléances. Cette indépendance financière, tant clamée par le syndicat, est vue comme une nécessité pour les magistrats. « Nous ne demandons pas de salaire de ministre, mais juste le minimum pour pouvoir faire notre travail », a souligné Antoine Kaboré, secrétaire général du Syndicat Autonome des Magistrats du Burkina (SAMAB). Aussi, le comité intersyndical des magistrats exige des autorités burkinabè « une justice indépendante et crédible avec des acteurs efficaces et motivés ». Cela va sans dire que l’Etat doit doter les différentes juridictions des moyens matériels et financiers pour mener à bien leurs activités.

De l’historique de la lutte…

La lutte pour l’efficacité du système judiciaire remonte à 2011 lorsque les palais de justice avaient fait l’objet d’attaques jugées « inqualifiables » par les magistrats. Ces derniers avaient, de ce fait, marqué un arrêt de travail et tenu une assemblée générale extraordinaire pour exiger la convocation d’un Conseil Supérieur de Magistrature élargi à tous les acteurs de la justice. Ce qui aboutira à la mise en place d’un comité pluridisciplinaire chargé de diagnostiquer les préoccupations du monde judiciaire et d’esquisser des pistes de solutions. Des recommandations fortes telles la relecture des textes de la magistrature et la révision de la constitution avaient été formulées par ce comité.
De même, les magistrats ont élaboré depuis 2012 des projets de lois organiques portant respectivement sur le statut de la magistrature et le Conseil Supérieur de la Magistrature. Par ailleurs, la tenue des Etats Généraux de la justice, à travers la signature du pacte national pour le renouveau de la justice le 28 mars 2015, a permis de réitérer le besoin de faire la relecture des textes afin de doter la justice de moyens juridiques, matériels et financiers conséquents pour son efficacité. Pour parachever ces réformes, divers projets de décrets d’application des lois devaient être élaborés, certains ayant une incidence financière, d’autres pas.

« Malheureusement certains des projets de décrets ont été sabotés par certains intervenants dans le processus d’adoption, qui ont décidé de prendre sur eux l’inoubliable et triste responsabilité de substituer leur volonté à celle du législateur », a déploré Christophe Compaoré, secrétaire général du Syndicat des Magistrats du Burkina (SMB). C’est pourquoi le comité intersyndical a décidé de déposer à nouveau un préavis de grève du 24 février au 1er mars 2016 pour demander l’adoption concomitante de l’ensemble des décrets d’application.

Sidnooma Delaforce Ouédraogo