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Suspension des émissions interactives : le CSC a violé l’esprit de l’insurrection et de toutes les luttes du peuple burkinabè en faveur des libertés démocratiques

dimanche 10 mai 2015


Vingt-quatre heures après la décision du Conseil supérieur de la communication (CSC) de suspendre certaines émissions interactives sur toutes les stations radios et télés du Burkina, les réactions fusent de partout. Selon la Coalition nationale de lutte Contre la Vie Chère, la Corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), cette décision est une forfaiture contre laquelle il faut se mobiliser. Nous vous proposons l’intégralité de sa déclaration y relative.

Le 7 mai 2015, l’opinion nationale a pris connaissance avec consternation de la décision du Conseil Supérieur de la Communication (CSC) suspendant « les émissions d’expression directe sur les radiodiffusions sonores et télévisuelles à l’exception des programmes portant sur la santé et ceux à caractère ludique, sentimental et culturel » pour « une durée de trois (03) mois à compter du jeudi 07 mai 2015 ».
Le CSC motive sa décision par le fait qu’il a observé de « nombreux dérapages » dans « la conduite et le contenu desdites émissions malgré les actions pédagogiques entreprises à l’endroit des animateurs et du public ». Cette décision de l’institution serait « particulièrement motivée par le souci d’assurer un climat apaisé et propice à la cohésion sociale en cette période sensible de la vie de notre pays ».
Pour la Coalition nationale de lutte Contre la Vie Chère, la Corruption, la fraude, l’impunité et pour les libertés (CCVC), la décision du CSC est aussi surprenante qu’incompréhensible, surtout dans ce contexte post-insurrectionnel où le peuple affiche clairement sa volonté d’avoir voix au chapitre.
Elle viole l’esprit même de cette insurrection et de toutes les luttes du peuple burkinabè en faveur des libertés démocratiques. La première condition de la participation des citoyens à la démocratie se réalise à travers le droit d’expression. Lui ôter ce droit, c’est l’exclure de la démocratie.
Le paradoxe est que cette décision tombe quatre (04) jours après la célébration de la Journée mondiale de la liberté de presse et émane de l’instance de régulation ; celle-là même qui est sensée veiller sur la liberté d’expression et de presse.
On ne peut alors interpréter autrement cette décision du CSC que comme étant une atteinte délibérée contre la liberté de presse, liberté chèrement conquise au Burkina, au prix d’énormes sacrifices et de longues luttes. Le journaliste Norbert Zongo, faut-il le rappeler a donné sa vie pour cette liberté. Ce sacrifice aujourd’hui serait-il vain ?
La CCVC n’est pas contre le fait que des médias puissent être sanctionnés sur la base de faits précis à eux reprochés, conformément à la procédure. Cependant, une sanction collective et imprécise, telle qu’elle vient d’être prise, revêt un caractère arbitraire, attentatoire à la liberté de presse et à la liberté d’expression dans son ensemble.
La désapprobation, quasi unanime des professionnels des médias, de cet acte liberticide est la preuve que l’autorité de régulation n’est pas dans une dynamique de concertation, ni de « cohésion sociale » au Burkina, mais plutôt dans une logique de censure qui nous rappelle les récentes déclarations des autorités de la Transition contre les manifestations du mouvement démocratique au Burkina.
Du reste, la décision du CSC rappelle la période de l’Etat d’exception où la censure a priori était le principe et la liberté d’expression l’exception.
De ce fait et tout en se réservant le droit d’user de tous les moyens appropriés pour défendre la liberté d’expression et de presse au Burkina, la CCVC :
• condamne cette forfaiture qui n’a aucun fondement sinon que l’arbitraire ;
• appelle le collège du CSC à revenir instamment sur sa décision ;
• appelle ses militantes et militants, les professionnels de médias et tous les démocrates à se mobiliser pour exiger la levée de cette suspension.
• Non au bâillonnement du peuple par la négation de ses libertés d’expression et d’opinion !
• Non au retour insidieux aux régimes d’exception !
• Pour la liberté de presse et d’information, mobilisation et lutte !
• Pour la liberté d’expression et d’opinion, mobilisation et lutte !

Ouagadougou, le 08 mai 2015

Pour le Bureau de la Coordination,

Chrysogone ZOUGMORE. /

Vice-Président

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